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Alan Turing : pionnier visionnaire de l’informatique et architecte de l’IA


L’univers de l’intelligence artificielle (IA) et de l’informatique est riche en figures emblématiques mais le nom d’Alan Turing brille avec une intensité singulière. Sa mémoire n’a été que récemment réhabilitée. Pourtant, il est le père des ordinateurs modernes, du moins sur la partie théorique. En plongeant dans les différentes étapes de sa vie, de sa naissance à ses contributions révolutionnaires, nous découvrons le génie qui a transformé notre compréhension de l’informatique moderne.

Les racines du génie 

Alan Mathison Turing, né le 23 juin 1912 à Londres, connaît une enfance éloignée de sa famille. Dès son plus jeune âge, Turing manifeste des aptitudes exceptionnelles pour les mathématiques. Il entre à l’internat de la Sherborne School, où son esprit brille dans les matières scientifiques. Cependant, son parcours n’a pas été sans défis sociaux. Ses résultats sont médiocres, l’élève est jugé brouillon. Sa pensée indépendante et son approche non conventionnelle ont parfois entravé son intégration, mais ces difficultés ont façonné le caractère singulier de Turing.

C’est dans cette même école qu’Alan Turing fait une rencontre déterminante, celle de Christopher Morcom, également passionné de sciences. Mais Christopher décède d’une tuberculose. La vocation du mathématicien est liée à cette perte : il pense devoir incarner le destin scientifique de son ami disparu.

Diplôme et début de carrière : les premiers pas d’un visionnaire

Turing poursuit ses études de mathématiques entre 1931 et 1935 au très sélectif King’s College, à Cambridge. Il publie ses premiers articles et obtient une bourse de recherches. 

Ses premiers travaux jettent les bases de sa réputation en tant qu’intellectuel exceptionnel. 

L’un des problèmes étudié par Turing est celui posé par David Hilbert, mathématicien allemand : le problème de décision, connu sous le nom allemand d’ « Entscheidungsproblem ». Turing rédige un article fondateur sur ledit problème, qu’il finalise en 1936 : « On Computable Numbers ». Dans cet article, Turing redéfinit de manière originale la notion de calcul. Il établit une limite entre ce qui est calculable et ce qui ne l’est pas. 

Cet article révolutionne la pensée mathématique en introduisant la notion abstraite de la Machine de Turing. Cette machine théorique allait devenir le socle sur lequel repose l’informatique moderne.

La Machine de Turing : la clé des algorithmes 

La contribution majeure de Turing réside dans la théorie de La Machine de Turing. . A l’origine, la Machine de Turing est un concept mathématique. Son but est donc purement théorique. Le mathématicien introduit la notion d’un algorithme universel. Turing montre que ce qui est calculable peut être décomposé en un nombre défini d’étapes pouvant chacune être réalisée par une machine. 

Cet outil abstrait a permis de définir les bases de l’informatique moderne et de la programmation. La théorie de la Machine de Turing a ouvert la voie à la compréhension des algorithmes, devenant ainsi un pilier essentiel de l’informatique théorique.

Même si la machine de Turing ne s’utilise pas à proprement parler, elle sert aujourd’hui de modèle pour tout calculateur : en informatique, en chiffrement et en intelligence artificielle. 

Rôle dans l’évolution des ordinateurs : le visionnaire précurseur 

Turing ne s’est pas contenté de théoriser. Son intérêt pour la pratique l’a conduit à jouer un rôle crucial dans la conception de l’ACE (Automatic Computing Engine), un des premiers ordinateurs électroniques. Sa vision n’était pas simplement de formuler des idées novatrices, mais aussi de les concrétiser, jetant les bases des ordinateurs modernes. 

Le mathématicien rejoint l’Université de Princeton, aux Etats-Unis pour préparer un doctorat de logique mathématique, sous la direction d’Alonzo Church. 

De retour en Angleterre en 1938, il est enrôlé par l’armée anglaise. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale : Le Décryptage d’Enigma

L’armée allemande connaît de nombreuses victoires en mer. Une des clés de ces victoires est une machine à coder électro-mécanique, la machine Enigma. Elle permet à l’armée allemande de transmettre aux sous-marins, des messages indéchiffrables par les services secrets alliés.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Alan Turing rejoint le service britannique du chiffre, le Government Code an Cypher School dont le but est de décrypter les messages radio que les forces armées allemandes échangent avec leur redoutable machine. 

L’ingéniosité, l’esprit analytique et novateur de Turing permet de développer des méthodes de décryptage qui ont joué un rôle décisif dans la victoire des Alliés. Ses méthodes ont permis de décoder des informations cruciales, contribuant ainsi de manière significative à la victoire des Alliés. Les contributions de Turing pendant la guerre ont également laissé un héritage important dans le domaine de la sécurité informatique moderne.

C’est au cours de cette période qu’il commence à conceptualiser des idées qui façonneraient plus tard le domaine de l’intelligence artificielle. 

Contribution à l’IA : l’émergence d’une nouvelle ère

Allan Turing poursuit ses réflexions fondamentales réunissant la science et la philosophie. La vision de Turing pour l’intelligence artificielle a été anticipée dans ses écrits. Il publie en 1950 son article intitulé « Computing Machinery and Intelligence » dans la revue Mind. L’objectif consiste à définir si les machines sont capables de penser. Turing s’intéresse au problème de l’intelligence vérifier la capacité d’une machine à faire preuve de signes d’intelligence humaine. Aujourd’hui encore, ce test fait figure de standard. 

Quel est le principe du test de Turing ? Un humain dit juge est chargé d’évaluer une conversation textuelle entre une machine et un humain. Le juge sait que l’un des deux est une machine, mais ne sait pas lequel. Si au bout de 5 minutes, il ne parvient pas à déterminer lequel est la machine et lequel est l’humain, la machine répond au test avec succès. 

Fin de vie difficile et défis personnels

Sur le plan personnel, Turing a fait face à des défis en raison de son homosexualité dans une époque où cela était criminalisé. Turing est condamné pour se pratiques indécentes. Afin d’échapper à la prison, il accepte l’alternative proposée : la castration chimique. Sa relation avec Arnold Murray, bien que brève, souligne les luttes auxquelles il a dû faire face dans une société moins tolérante.

Tragiquement, Alan Turing s’est éteint le 7 juin 1954, emporté par un empoisonnement au cyanure. Sa mort prématurée a privé le monde d’un esprit brillant, mais son héritage continue d’inspirer et de guider les chercheurs et les professionnels de l’informatique.

Héritage et reconnaissance posthume

Après des décennies de méconnaissance, la contribution de Turing à l’informatique est pleinement reconnue. En 2013, la reine Elizabeth II a délivré un pardon royal pour les condamnations liées à l’homosexualité. Cette reconnaissance posthume souligne l’importance de l’héritage de Turing, non seulement dans le domaine de l’informatique, mais aussi en termes de droits et de justice.

Depuis 1966, le prix Turing est attribué chaque année à une personne sélectionnée pour sa contribution à la communauté informatique. En 2015, la biographie d’Alan Turing apparaît sur nos écrans dans le film Imitation Game

Pour conclure : Le Génie immortel d’Alan Turing 

La vie d’Alan Turing, marquée par des triomphes intellectuels et des tragédies personnelles, continue de captiver et d’inspirer. Son héritage persiste dans chaque algorithme, programme informatique et chaque concept d’intelligence artificielle. Il demeure un pioner dont la quête de l’inconnu a ouvert des portes pour des générations de chercheurs, jetant ainsi les bases de l’ère numérique d’aujourd’hui. Héros méconnu devenu génie immortel de l’architecture technologique. 


Sources :