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John McCarthy : l’un des pères de l’intelligence artificielle


Dans l’univers passionnant et en constante évolution de l’informatique, il existe des pionners dont la vision transcendante a tracé la voie vers de nouveaux horizons. Parmi ces visionnaires, John McCarthy se distingue comme l’un des architectes intellectuels qui ont façonné le paysage de l’intelligence artificielle. Retour sur une vie ponctuée d’innovations et d’idées avant-gardistes !


Les premières années : l’étudiant et le professeur

John McCarthy est né le 4 septembre en 1927 à Boston, dans le Massachussetts, de parents immigrants. Dès son plus jeune âge, il montre un intérêt précoce pour les mathématiques et la logique, et commence à lire des livres sur les mathématiques du Caltech – California Institute of Technology. En 1944, il y est admis en tant qu’étudiant de premier cycle et obtient une dispense d’âge (saut de classe). Ensuite suspendu pour ne pas avoir assisté au cours d’éducation physique, il obtient tout de même son diplôme en 1948. 

C’est après un an d’études supérieures au Caltech qu’il rejoint Princeton et obtient un doctorat en mathématiques, en 1951. Son doctorat est basé sur une thèse qui résolvait un problème d’équations aux dérivées partielles. Il enseignera à Princeton jusqu’en 1953, avant de devenir professeur adjoint de mathématique à Stanford en 1955.  C’est lors de ces années à Princeton qu’il rencontre Marvin Minsky, qui débute ses études supérieures. McCarthy et Minsky se découvrent une passion commune pour la recherche sur la construction de machines intelligentes, passion qui les amène à collaborer sur de nombreux projets. 

Durant l’été 1952, McCarthy approche Claude Shannon et lui propose de rassembler des articles sur le thème des machines intelligentes. Ils publieront un volume sous le nom « Automata Studies ». McCarthy, à ce moment-là professeur adjoint à Stanford est déçu car les différents articles reçus, bien que tous liés d’une manière plus ou moins proche aux études sur les automates, aient peu à voir avec ce qu’il considère comme amener les machines à avoir un raisonnement intelligent.

Contribution à l’IA : La Conférence de Dartmouth

À la suite de cette déception, il décide de définir clairement le type de recherche et d’articles qu’il souhaite encourager. Il invente le terme « intelligence artificielle », terme qui rend clair l’objectif des recherches : construire des machines capables d’agir de manière intelligente. 

C’est de là que naît le projet de recherches et la si connue Conférence de Dartmouth, considérée comme le moment fondateur de l’intelligence artificielle en termes de recherche. C’est lors de cette conférence que le terme « intelligence artificielle » sera utilisé pour la première fois. 

Organisé en 1956, le projet est simple : organiser une étude de deux mois avec une dizaine d’hommes de l’intelligence artificielle, au Collège de Darthmouth, à Hanovre dans le New Hapshire. Le groupe organisateur est composé de Marvin Minsky, Claude Shannon et Nathaniel Rochester, chercheur chez IBM, qui lui aussi montre un intérêt particulier pour l’intelligence artificielle. Ainsi, les quatre se mettent d’accord pour soumettre à la fondation Rockefeller une proposition de conférence. 

Le colloque dure 8 semaines. Il finira par réunir 20 des plus brillants esprits en informatique et sciences cognitives. Il est dédié à la conjecture suivante « tout aspect de l’apprentissage et de n’importe quelle caractéristique de l’intelligence peut être si précisément décrit qu’en principe, une machine devrait pouvoir être fabriquée pour simuler l’intelligence. »

Ainsi, des travaux seront menés afin de trouver comment fabriquer des machines capables d’utiliser le langage naturel, de formuler des abstractions et des concepts, de résoudre des problèmes d’habitude réservés aux humains, et de s’améliorer elles-mêmes. 

« A ce moment-là, je pensais : si nous pouvions obtenir que toute personne intéressée par le sujet lui consacre du temps en évitant la distraction, nous pourrions faire de réelles avancées sur le sujet ». John McCarthy 

Ce colloque marque l’âge d’or dans le domaine scientifique de l’intelligence artificielle. Pendant 20 ans, l’optimisme et les nombreux financements ont permis des découvertes majeures. 

Passage au MIT : période prolifique

En 1956, il choisit de rejoindre le MIT, Massachusetts Institute of Technology, car il avait accès à un ordinateur IBM et que cela lui offrait une proximité avec son collègue Marvin Minsky, qui est alors à Harvard. Il y restera en tant que professeur jusqu’en 1962. 

Ces six années au sein du MIT sont sans doute l’une des périodes les plus productives de sa vie. C’est au cours de cette période, plus précisément en 1958, qu’il invente Lisp, un langage de programmation rapidement adopté comme l’un des premiers langages dédiés à l’IA. Lisp était révolutionnaire car il introduisait la notion de traitement symbolique et de gestion de listes, offrant une flexibilité inégalée pour la manipulation de données. LISP est devenu un outil essentiel pour la programmation symbolique et la manipulation de listes, jouant un rôle majeur dans le développement de nombreux systèmes d’IA. En France, Lisp connaît un vrai succès. 

John McCarthy entamera également un projet de recherche : comprendre comment amener les ordinateurs à effectuer un raisonnement de bon sens. Son travail est très différent de celui de ses paires. En effet, les travaux effectués auparavant avaient pour objectif de reproduire des activités dites difficiles pour les humains, telle qu’une partie d’échec et prouver des théorèmes mathématiques. McCarthy s’intéresse davantage aux tâches « banales » telles que la création d’un plan pour se rendre d’un point A à un point B. 

C’est également lors de ses années en tant qu’enseignant au MIT, qu’il crée le MIT AI Lab, avec Minsky, arrivé ay MIT en 1958. Les deux visionnaires n’étaient pas toujours d’accord quant à leurs approches respectives de l’intelligence artificielle, mais leurs travaux ont permis de nouvelles avancées.

Retour à Stanford et héritage

En 1962, il retourne à l’Université de Stanford, mais cette fois-ci en tant que professeur. Il dirigera ainsi plus de 30 étudiants en doctorat. Son influence est à la fois due à la force de ses idées, mais aussi à ses qualités personnelles. Reconnu comme un optimiste, et sa croyance en la puissance de la logique était jugée comme contagieuse. Son génie et sa générosité ont nourri de nombreux chercheurs dans le domaine de l’intelligence artificielle. 

Son esprit brillant fut, à de nombreuses reprises, récompensé : le Turing Award en 1971, le premier prix IJCAI pour l’excellence de la recherche, le prix Kyoto, la médaille nationale des sciences, et enfin, la médaille Benjamin Franklin en informatique et sciences cognitives en 2003. 

Fermez la parenthèse

Après être parti à la retraite en 2001, il décède 10 ans plus tard, à l’âge de 84 ans, laissant derrière lui un héritage considérable. John McCarthy a marqué l’histoire de l’informatique et de l’IA par son esprit novateur, son engagement pédagogique et ses réalisations techniques. Son influence continue de se faire sentir dans les avancées actuelles de l’intelligence artificielle, faisant de lui une figure emblématique et incontournable de ce domaine en constante évolution.


Sources :